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Jean Claude de La METHERIE - Philosophe et Savant (1743 - 1817)



La famille de La Métherie a joué un rôle très important au XVIIème siècle dans la région clayettoise. On la trouve à Paray-le-Monial à la même époque, puis à Bois-Sainte-Marie, ensuite à La Clayette. Deux de ses membres se sont plus spécialement distingués: Antoine dit "Sorbier", député du tiers-Etat puis membre du corps législatif, et JeanClaude, philosophe, savant, professeur au collège de France, chaire d'histoire naturelle. Nous présenterons plus en détail l'oeuvre de Jean-Claude de La Métherie, qui a profondément marqué son temps.

Au XVIIème siècle, Philibert de La Métherie est maître chirurgien à Paray-le-Monial. Un de ses fils, Louis Barthélemy, sera lui aussi maître chirurgien, mais à Bois-Sainte-Marie, alors cité importante par ses foires et marchés. En 1682, il épouse Anne Mazoier, belle-soeur de Chrysostome Alacoque, frère de Sainte Marguerite Marie. Louis Barthélemy décède à La Clayette en 1722, à l'âge de 65 ans.

Pierre de La Métherie, son fils, est aussi docteur en médecine. Il s'établit d'abord à Gibles, puis à La Clayette où il meurt en 1729, à l'âge de 45 ans. De son mariage avec Marguerite Duvert, il a eu neuf enfants, dont François, également docteur en médecine à La Clayette et JeanLouis, notaire et tabellion du marquisat de Villequiers en Berry, arrière-grand-père du célèbre cardinal Perraud, évêque d'Autun.

François de La Métherie épousa Claudine Constantin, qui lui apporta la terre de Thel, avec une habitation confortable, sur le territoire de la commune de La Chapelle-sous-Dun. Bien qu'exerçant à La Clayette où il possédait une belle demeure, il se plaisait à résider à Thel. Il a joué un rôle important dans le bourg de La Clayette qui dépendait de la paroisse de Varennes-sous-Dun. On trouve très souvent son nom sur les registres paroissiaux, notamment lors de la visite de, Mgr de Lort de Serignan de Valras, Evêque de Mâcon, le 1er juillet 1746 : dans les actes il est désigné comme Messire François de La Métherie et il jouit du respect et de l'estime de tous.

Il a eu huit enfants, dont quatre ont joué un rôle important dans la vie locale et régionale :
- Louis Marie, chanoine d'Aigueperse dans le Rhône, à quelques kilomètres de La Clayette, puis curé de "Bosdemont". Prêtre assermenté, il quittera les ordres.

- Antoine, dit "Sorbier", est avocat en Parlement, juge de Chauffailles, mais demeure le plus souvent à La Clayette. Il sera élu député du tiers-état du bailliage de Mâcon aux Etats Généraux en 1789. Accusé de modérantisme par la suite, il sera un temps emprisonné à Marcigny. En 1800, il est nommé membre du corps législatif. Homme très actif, il eut par contre beaucoup de déboires en affaires!

- Jean-Baptiste est lui aussi avocat en Parlement et bailli de La Clayette. En 1790, il devient membre du Conseil Départemental de Saône-et-Loire, puis président du tribunal du district de Marcigny en 1791 et 1792. Lorsqu'en 1790, La Clayette est détachée de Varennes-sous-Dun, il sera le premier maire de la ville. En 1794, il est aussi incarcéré à Après le décès de son frère Marcigny pour modérantisme. Plus tard, il sera procureur à Charolles.

Si Jean-Baptiste et Antoine ont fait une carrière administrative politique, leur frère Jean-Claude fut un savant de réputation internationalle. Jean-claude de la Metherie est né à La Clayette en 1743 . Jusqu'à l'âge de 15 ans, il fut instruit par des précepteurs, le plus souvent dans le La manoir familial de La Chapelle-sous Dun. Caractère réfléchi, méditatif, mélancolique même, il dédaignait les amusements de son âge et préférait la lecture d'ouvrages philosophiques. C'est sans doute ce qui détermina son père à le diriger vers l'état ecclésiastique.
Il fut envoyé à Thiers, faire sa rhétorique, dans une pension, sorte de séminaire, mais obtint toutefois, à 18 ans, la faveur d'accompagner son frère aîné François qui allait à Paris s'y faire recevoir docteur en médecine. Il suivit alors les cours de La Sorbonne et reçut au séminaire Saint Louis les quatre ordres mineurs.

Pourtant déjà, il doutait, persuadé, non de l'existence d'un être suprême, mais des principes de la philosophie naturelle.
Après le décès de son frère aîné, il obtint de son père l'autorisation d'abandonner la carrière ecclésiastique pour celle de la médecine traditionnelle dans la et famille. Les études de médecine fut terminées il revint à La Clayette et exerça avec son père jusqu'en 1780. La pratique de la médecine ne le satisfit pas et il repartit à Paris.
En fait il avait toujours continué ses de recherches et dès 1776, terminé un essai intitulé "Principes de la philosophie naturelle" dans lesquels on cherche à déterminer les degrés de certitude ou de probabilité des connaissances humaines. (Genève, 2 volumes bibliothèque centrale du collège de France). Vu ces théories, l'ouvrage ne pouvait être imprimé en France. Il prit contact avec un imprimeur d'Amsterdam, qui, peu convaincu du succès d'une telle étude écrite par un inconnu, refusa de l'imprimer. Finalement le livre sortit à Genève en 1778 et sera réédité en 1787 en deux volumes, l'auteur ayant entre temps mûri sa pensée.

Nouvelle édition en 1805 en un seul volume, allégée de plusieurs chapitres traités entre temps dans d'autres livres.
La lecture des Institutions de Mme du Châtelet donna à Jean-Claude de la Métherie l'idée de son ouvrage dans lequel il aborde les idées métaphysiques les plus élevées, les plus abstraites. L'auteur cependant se borne presque toujours à rapporter les opinions des philosophes, appuyant celle qui lui semble la plus probable.
Son père contrarié, par l'abandon de la carrière médicale par son fils, s'y résigna. Dès lors, celui-ci se consacra totalement à la philosophie et aux sciences, refusant de se marier malgré les pressions familiales, pour être totalement disponible pour ses travaux. Il détermina même son père à établir son frère Antoine, désirant que les biens-fonds de la famille lui fussent abandonnés, ne se réservant qu'une pension viagère de 2 400 F. A Paris, il fréquentera Diderot, d'Alembert et autres philosophes célèbres.
C'est lui qui introduira Voltaire dans la loge illustre des "neuf muses", où il côtoya Benjamin Franklin, Greuze, Houdon, C.H. Vernet, A. Vernet, Florian, l'abbé Delille, Helvetius, Lalande, J. Montgolfier... Au lendemain de cette initiation, il est chargé de rédiger la défense de la loge, attaquée par le Grand Orient.


Claude de La Métherie a profondément marqué son époque par sa culture et son désintéressement, sa capacité de travail. Il possédait les qualités les plus éminentes: sincérité, franchise, élévation de l'âme et fermeté du caractère. Toutefois, il avait une opinion un peu trop haute de lui-même, un amour propre excessif, qui expliquent en bonne partie les déboires des dernières années de sa vie, et les jalousies a son égard au cours de sa carrière. En 1785, il fut chargé de la continuation du Journal de Physique, commencé en 1772 par l'abbé Rozier qui en assuma le travail jusqu'à sa mort en 1787. Il a rédigé un grand nombre d'articles, de mémoires, de notes sur presque toutes les branches de la physique, de la chimie, de la minéralogie, de l'histoire naturelle.

Lorsque en 1800, la chaire de professeur d'histoire naturelle au collège de France est devenue vacante, suite à la mort de Daubenton, pour lequel elle avait été créée, La Métherie espérait l'obtenir, sans sollicitations de sa part, mais grâce à l'appui de son frère alors membre du corps législatif. Déceptionénorme: le collège l'ignora, et avait demandé, selon son droit, la nomination d'un autre. On arrangea tout de même la situation pour ce savant, qui fut nommé adjoint, chargé de professer la minéralogie et la géologie, ce qu'il fit pendant quinze ans. Un grand nombre d'élèves de toutes les nations ont suivi ses cours avec intérêt, lesquels furent publiés sous le titre "Leçons de minéralogie"(2 volumes) et "Leçons de géologie" (3 volumes). Il constitua une merveilleuse collection.

Nous avons signalé qu'il abandonné ses biens à son frère Antoine, ne conservant qu'une pension de 2 400 F. Celui-ci se trouvant en difficultés financières, et Jean-Claude de La Métherie consentit à tout perdre pour sauver l'honneur son frère et paya ses dettes.
Il se trouva par la suite lui-même en difficulté: le journal rapportait moins et il ne percevait que le tiers appointements d'un professeur du collège de France. Son collègue Cuvier, l'ayant appris, vint à son secours, et prélevant sur son propre salaire, compléta celui de La Métherie, et ce jusqu'à sa mort. Généreux, Jean-Claude de La Métherie vendit par la suite une partie de sa brillante collection pour venir en aide à un autre de ses frères dans le besoin.

Franck NADEL (Mémoire Brionnaise)
Biographie extraite de l'ouvrage "Biographie universelle ancienne et moderne de 1843 en 45 volumes ": page 1 - page 2

 

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